Pour elle, Lucien Guitry s'éloigna de Marthe Brandès (avec qui il avait créé en 1897 Le Pain de ménage de Jules Renard). Jeanne Desclos était plus jeune : vingt-deux ans de moins que le roi du théâtre dont elle devait être souvent la partenaire, notamment dans L'Aventurier d'Alfred Capus en octobre 1909 à la Porte-Saint-Martin, L'Assaut de Bernstein en 1912. La situation fut régularisée au début de la guerre, le 25 août 1914. Jeanne Desclos interpréta encore plusieurs pièces avec Lucien Guitry et ils entreprirent une longue tournée en Amérique du Sud en 1916, avec Madeleine Céliat, Armand Numès, Paul Escoffier et le jeune Charles Vanel. En 1919, après des années de brouille, Lucien Guitry renoua avec son fils Sacha et la situation conjugale de Jeanne Desclos commença à se dégrader. Le divorce fut prononcé le J3 juin 1921 et la comédienne délaissée vola de ses propres ailes. Jeanne Desclos était une interprète fine et appréciée, en même temps auteur de plusieurs pièces. C'est alors qu'elle se tourna vers le cinéma. Henri Étiévant lui fit tourner dès 1921 son premier film : Crépuscule d'épouvante ; puis elle donna une souveraine et admirable présence à la reine Anne d'Autriche dans Les Trois mousquetaires de Diamant-Berger, et incarna une belle Italienne dans Phroso de Louis Mercanton, où elle retrouva Vanel. Quand elle eut été en 1922 (rôle d'Édith) la vedette des Roquevillard de Julien Duvivier, Jeanne Desclos déclara que, retirée à la campagne, elle ne ferait plus de cinéma. Elle ne tint pas complètement parole puisqu'elle fut encore en 1924 l'interprète d'un drame mondain de Monca et Kéroul, La Double existence de Lord Samsey. Ce fut le dernier film de sa courte carrière. On apprit bientôt qu'elle s'était remariée avec M. Le Deley et vivait dans une ferme en Beauce. Sa vie de comédienne était terminée.
